Une
visite chez Le Rallic par Youenn Furic
Youenn
Furic est le "petit-reporter" qui sillonnait la Bretagne au
temps des années 1942 à 1944 pour le journal Ololé.
Il fit de nombreuses interviews dont celle qui suit de LE RALLIC.
Au numéro 62 du 2 mars 1942 Etienne Le Rallic réalise
un portrait du jeune Youenn Furic croqué sur la plage
de Camaret.
Entretien
publié dans le numéro 127 du 9 avril 1944 pour le même
journal Ololé :
LE
RALLIC : Eh bien quoi ? mon cher Furic, vous vous attendiez à
me voir en... corsaire ou en... chouan ?
Youenn
Furic : Pas précisément, mais on s'imagine quelquefois
les dessinateurs d'après leurs dessin.. Vous êtes cependant
bien breton n'est-ce pas ?
Le
Rallic :
Et comment ! Grand-père Le Rallic était un vieux breton
du pays de Quelven près de Lorient ne parlant pas un mot de
français : cheveux longs, chupen, bragou bras, guêtres
! Il avait fière allure je vous assure !
Je couchais chez lui dans un lit clos ! Son grand-père à
lui était chouan et qu'il ait combattu sous Cadoudal, c'est
fort possible.
Y.
Furic : Voulez-vous me dire comment vous vous êtes passionné
pour le dessin et à quel âge vous avez commencé
?
Le
Rallic :
Je ne sais comment le dessin m'a attiré ! A deux ans je dessinais.
Y.
Furic : C'est à croire, M. Le Rallic, que vous êtes venu
au monde avec un crayon en main ! mais y a-t-il longtemps que vous travaillez
pour les journaux ?
Le
Rallic :
Depuis l'âge de quatorze ans ! J'étais alors en troisième
au collège Saint-Vincent de Rennes.
Y.
Furic : Depuis l'âge de 14 ans ? Vous avez du en composer des
dessins depuis cette époque... Combien à peu près
?
Le
Rallic :
Des milliers mon ami en noir et en couleur !
Y.
Furic : Encore une question : est-ce que vous dessinez très vite
on me l'a dit ?
Le
Rallic :
eh ! eh ! tout dépend des sujets...lorsqu'il y a des foules
ça demande plus de temps naturellement qu'un seul personnage.
Et puis il ne me suffit pas d'avoir un bon crayon, une bonne plume,
un excellent papier, il me faut aussi ceci ...
Et M. Le Rallic me montre sa pipe !
Ah si je ne l'avais pas je crois que mon dessin s'en ressentirait
terriblement. Et le jour où je manquerai complètement
de tabac je crois que je ne pourrais plus dessiner !
Y.
Furic : Que dirait alors les Ololeiz ? Mais dites encore en dehors de
votre pipe, de votre dessin, qu'aimez-vous ?
Le
Rallic :
Le Cheval mon vieux ! Voilà un ami, et quand on le soigne bien
il est fidèle comme un chien ! J'ai un tas d'histoire sur les
chevaux, mais il faudrait plusieurs numéros d'Ololé
pour les raconter.
Y.
Furic : Mais c'est une idée et illustré bien entendu,
ce serait épatant cher M. Le Rallic ? Et les Ololeiz comme tous
les bretons aiment les chevaux !
Le
Rallic :
Je veux bien, car j'aime dessiner les chevaux autant que les chouans
!
Y.
Furic : Je suis insatiable M. Le Rallic. Je raconterai ma visite aux
Ololeiz mais pour qu'elle soit complète voulez-vous me faire
votre portrait ?
Le
Rallic :
Attendez que je bourre ma pipe.
Voilà
le fameux dessin, autoportrait qu'il donna aux lecteurs d'Ololé
:

Le
Rallic : Voilà
et mes amitiés à tous les Ololeiz, grands et petits
et dites leur que c'est toujours avec joie que je dessine pour eux
! Kenavo cher Youenn, saluez pour moi notre chère Bretagne.
Ololé, numéro
127 du 9 avril 1944
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entretien