En
juin 1977, Haga n° 29, dans un numéro consacré pour
partie à Le Rallic, rapporta un entretien de l'épouse
de Le Rallic :
Voudriez-vous
nous présenter Le Rallic, comment est-il venu à la bande
dessinée ?
Le
Rallic est né en 1891, son père était officier.
Très tôt, il eut deux passions : le Cheval et le dessin.
Au collège de Rennes, où il fit ses études, Le
Rallic dessinait déjà ; ses oeuvres finies il les offrait
à ses camarades jusqu'au jour où, son père lui
ayant coupé les vivres pour une incartade, il vendit ses dessins
à ces mêmes camarades, ce furent donc en quelque sorte,
ses débuts professionnels !
Plus
tard, son père consentit à le laisser "monter à
Paris" où il débuta au journal Le Rire, c'était
en 1910. Je devais rencontrer mon mari 7 ans plus tard, j'étais
alors caissière à la société "Éditions
françaises illustrées". Le Rallic alors au front
profitait de ses permissions pour venir toucher son dû pour les
dessins qu'il passait dans la Baïonnette.
On
retrouve dans son oeuvre la passion du "cheval" dont vous
parliez :
Cette
passion du cheval guida en quelque sorte toute sa vie et toute sa carrière
avec ses premiers gains il acheta un cheval, il en eut toujours un par
la suite. A noter qu'il fit son service militaire au 21ème dragon
de Saumur.
Cet amour du cheval lui valut d'être dessinateur de Western, mais
c'était bien les chevaux qui l'attiraient et non les cow-boys
ou les indiens.
Mais il y eut un revers de la médaille, et il fit plusieurs chutes
dont une particulièrement grave qui lui fit perdre un oeil et
qui fit que sur la fin de ses jours son dessin s'en ressentit surtout
dans les visages.
Outre
le cheval et les auteurs on trouve également très souvent
sa signature dans des séries à caractère historique
?
Oui
c'est exact cela vient qu'étant étudiant et se destinant
au dessin, il travailla beaucoup à partir de documentation historique,
ce qui plus tard fit de lui un "spécialiste" par la
rigueur et la précision de son dessin.
Il
signa Lévesque dans Lisette ?
Oui,
c'était le nom de sa mère ; il choisit ce pseudo... pour
différencier ses travaux de Lisette et de Pierrot.
Il signa également SMILE (à la suite de son auto portrait
dans le Sourire et ayant pour légende : une pipe dans
un sourire.
Voulez-vous
nous parler de son travail ?
Le
Rallic travaillait à la plume et pratiquement au format de publication.
Il crayonnait plusieurs planches d'avance, travaillait de 6 heures
du matin à 13 heures après quoi il allait faire du cheval.
Il appliquait ce régime tous les jours de l'année et ne
prit jamais de congés.
Nous partions en vacances avec tout le matériel pour dessiner
et la documentation nécessaire aux travaux en cours : un vrai
déménagement !
Merci
Madame Le Rallic d'avoir bien voulu évoquer ces souvenirs et
la personnalité de ce grand dessinateur.
HAGA
(numéro 29, p. 2) juin 1977.
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